Retour sur l’album « Chromatica » de Lady Gaga
La carrière de Lady Gaga soulève des interrogations. Après l’échec d’Artpop, la Mother Monster abandonne le côté excentrique qui caractérisait ses débuts pour adopter un style relativement aseptisé : deux albums de jazz avec Tony Bennett, du rock léger avec Joanne, et une carrière cinématographique un peu trop sérieuse. Ainsi, à l’arrivée de Chromatica en 2020, promettant un retour à une dance-pop étrange et théâtrale, c’est la déception : des titres lisses à souhait (Stupid Love, Enigma, Fun Tonight), des collaborations avec Ariana Grande, BlackPink et Elton John laissant à désirer, et une certaine incohérence entre son esthétique visuelle et son univers musical. Heureusement, l’album remix a corrigé le tir avec la participation d’artistes tels que Arca, A.G. Cook, Shygirl et Pabllo Vittar, et certains titres comme 911, Alice, Babylon, ainsi que les Chromatica I, II & III ont su sauver la mise. Cependant, cette tentative de nostalgie des années 80-90 laisse un sentiment de vide : et si c’était ça, Lady Gaga aujourd’hui ?
Revivez « Speak and Spell » de Depeche Mode
Nul ne remet en question le talent indéniable de Depeche Mode et l’importance du groupe dans le mouvement New Wave du début des années 1980. Sorti en 1981, Speak and Spell était un bon album à l’époque, posant même les bases de la synthpop. Cependant, ses mélodies fades et le manque d’inspiration flagrant des paroles en font un album vite oubliable et dépassé. Malgré tout, des morceaux comme Just Can’t Get Enough ont propulsé le groupe sur le devant de la scène, et Tora! Tora! Tora! a annoncé le futur sombre et industriel qui fera la renommée des Anglais. En somme, Speak and Spell est un album déséquilibré, montrant que la grandeur d’un groupe ne se construit pas toujours sur un premier essai fulgurant, mais aussi à travers la recherche et le travail.
Plongée dans « The Car » des Arctic Monkeys
Virage ou sortie de route, c’est la question. Admettre que l’on n’a pas vraiment apprécié le dernier album des Arctic Monkeys est déchirant. Peut-être sommes-nous simplement trop exigeants en attendant des artistes qu’ils reproduisent à l’infini la formule qui nous a séduits par le passé… Toujours est-il que dans The Car, on cherche en vain l’énergie de Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not, les riffs envoûtants de Favourite Worst Nightmare, l’atmosphère brumeuse de Humbug, ou encore les ballades rugueuses de Suck It and See… Sans succès. Comme si le groupe avait perdu son essence. Une sortie de route, en effet.
Focus sur « Blue Banisters » de Lana Del Rey
Malgré notre admiration pour sa voix veloutée, profonde et infinie, on a trouvé Blue Banisters de Lana Del Rey plutôt ennuyeux. Voire décousu. Pourquoi cette trompette stridente sur Interlude – The Trio ? Pourquoi ces chœurs maladroits sur Black Bathing Suit ? Pourquoi cette impression de déjà-vu, ou plutôt déjà-entendu, tout au long de l’album ? Vraiment, on n’en sait rien. Heureusement, le superbe Did you know that there’s a tunnel under Ocean Blvd a su surpasser son prédécesseur et redorer le blason musical de l’artiste. Pour le meilleur.
Décryptage de « Submarine » de The Marías
Submarine est le dernier album en date de The Marías, arrivant trois ans après le magnifique Cinema, mais le groupe semble peiner à se renouveler depuis. Sur ce nouvel opus, on ressent un cruel manque d’inspiration, comme si toutes les idées avaient été concentrées sur Run Your Mouth, un tube entraînant rappelant l’univers de Jungle, tandis que le reste semble en être une déclinaison, sans réelle innovation. Submarine n’est pas un mauvais album en soi, mais sa plus grande faiblesse réside dans son manque d’âme. Chaque morceau semble calculé et surproduit pour plaire au plus grand nombre, au détriment de son authenticité. Malgré des tentatives d’anesthésie plutôt que d’enchantement, le talent vocal de María Zardoya et la batterie rythmée ne parviennent pas à retenir l’attention, donnant l’impression que l’album a été conçu comme une musique de fond fade et peu engageante.