À l’approche de son apparition, tant attendue pour le 21 août, lors de l’édition 2024 de Rock en Seine, revenons sur notre entretien depuis Los Angeles avec une artiste qui ressemble à une madone traversée par la musique. C’était à l’occasion de la sortie de « Did You Know That There’s a Tunnel under Ocean Blvd », son neuvième album, où Lana Del Rey semble trouver un équilibre parfait entre spiritualité et chaos intérieur, perceptions extrasensorielles et incarnation positive.
Interrogée sur la manière dont elle a vécu la pandémie, Lana Del Rey a confié que cela avait été difficile pour elle. Elle a passé trois ans à porter un masque et à vivre dans la peur. Avec sa famille, ils se sont calfeutrés à la maison en Californie, créant une bulle pour tenter de vivre malgré tout. Pendant cette période, Lana est restée très active musicalement, sortant deux albums et un recueil de poèmes. Cependant, la musique et l’écriture n’étaient plus aussi prioritaires dans sa vie.
La pandémie a changé les priorités de Lana Del Rey, qui a mis le bien-être de sa famille en premier plan. Elle a également évoqué ses influences musicales, notamment Jeff Buckley. Elle est très pointilleuse sur le choix de ses collaborateurs, comme en témoigne son exigence pour la rappeuse Tommy Genesis sur la chanson « Peppers ».
Malgré les défis posés par la pandémie, Lana Del Rey continue de créer et d’explorer de nouvelles sonorités, cherchant l’équilibre entre spiritualité et chaos intérieur. Certaines chansons de mes albums ont été difficiles à rendre justes, même si elles y ont finalement trouvé leur place. « A&W » est l’une de ces chansons, un véritable casse-tête. Au fil des mois, elle est devenue de plus en plus épique et expérimentale. J’avais enregistré une première version a cappella dans une chambre d’hôtel pour l’envoyer à mon producteur, Jack Antonoff, qui travaille également avec des artistes comme Taylor Swift et Lorde. Après sept mois sans nouvelles, il m’a finalement appelé pour me dire qu’on tenait quelque chose de fort. C’est à ce moment-là qu’il a ajouté la fin électronique et le mantra « Jimmy Jimmy Cocoa Puff ». J’étais initialement mal à l’aise avec cette chanson et je refusais de la sortir en single, la trouvant trop étrange. Mais après l’avoir fait écouter à mes amies, qui l’ont toutes adorée, j’ai été surprise de la réaction positive.
Je suis parfois victime de sentiments de panique et de peurs, comme lors d’un festival où j’ai appris des nouvelles inquiétantes. Cela m’a inspiré des chansons où je traduis mes préoccupations. Je suis constamment en recherche d’équilibre entre l’esprit et le corps, et j’ai besoin de rester en contact avec mes six sens pour me sentir bien. Les forces de l’esprit sont très importantes pour moi, et je crois en des miracles et en la persévérance. Ma musique est pour moi une quête de spiritualité, où j’écoute mes entrailles pour me sentir connectée.
La spiritualité a une place fondamentale dans mon travail. Je consulte une voyante qui possède un vrai don, et cela m’aide à voir au-delà du visible. Le nouvel album commence avec une chorale gospel, « The Grants », qui apporte une dimension spirituelle à la musique. Ces trois femmes, dont deux ont tourné avec Whitney Houston, apportent une énergie particulière à l’album. Ma voix prend une place prépondérante dans ce projet, en chantant l’introduction. Au début, elles hésitaient sur mes paroles, éclataient de rire et reprenaient magnifiquement. Ce moment sublime a été conservé sur l’album, parfaitement imparfait : c’était enfin le début de l’album. Lorsque je suis allée à Memphis et que j’ai nagé dans la rivière Wolf, mon seul but était d’assister à une messe dans l’église où Al Green officie. Malheureusement, c’était assez secret et malgré mes tentatives, je n’ai pas pu enregistrer une chorale entière sur « The Grants ». « Grant » étant mon nom de famille, j’ai décidé de parler d’elle en utilisant les paroles de mon prêtre, simplifiant ainsi les choses. C’était pratique, car ce n’était pas moi qui parlait.
J’ai chanté à l’église moi-même pendant vingt-trois ans, des souvenirs merveilleux qui sont parmi les plus joyeux de ma vie. Malgré mes rapports conflictuels avec le catholicisme, j’ai été la chantre de notre paroisse, la chanteuse principale qui menait les louanges avant d’être reprise en chœur par la congrégation. J’ai commencé à l’âge de 11 ans et ai continué jusqu’à mes 23 ans, me rendant quotidiennement à l’église. Même si j’ai été virée de l’école catholique, je suis revenue à l’église ensuite, débarrassée du poids de la Bible.
La musique en général est devenue de plus en plus passionnante après la pandémie, ce qui m’a recentrée sur elle. Les rappeurs ont élevé le niveau et exploré de nouvelles voies avec des sons plus fun et audacieux. Contrairement à la plupart des artistes qui rentrent dans le rang au fil des albums, je choisis d’explorer des nouveaux territoires, avec certains titres radicaux dans ma carrière. Cet album me pousse à prendre encore plus de risques à l’avenir, une leçon qu’il m’a enseignée.
Je suis influente en 2023 parce que je suis très spécifique, et c’est la clé de l’universalité. Je reste fidèle au moment précis où la musique m’a touchée, aussi libre soit-elle. Mon cerveau ne comprend pas toujours ce qu’il reçoit, comme Jeff Buckley semblait être traversé par sa musique.
À mes débuts, j’ai beaucoup parlé de ma solitude, un état imposé que je n’ai pas choisi. Aujourd’hui, je vis en tribu et accueille tout le monde, pourvu qu’ils soient disponibles. J’ai des collaborations avec des artistes talentueux comme Drew Erickson, et je suis honorée d’avoir travaillé avec lui.
Envisager une telle carrière avec neuf albums était impensable pour moi, surtout dans les moments d’abysses où tout semblait échouer. Malgré tout, je n’avais pas d’autre choix que de continuer, car je ne sais rien faire d’autre. Le courage aurait été de disparaître, mais j’ai préféré continuer à faire des disques. Lana Del Rey : l’écriture, la musique et l’inspiration
Lana Del Rey, la célèbre chanteuse, révèle dans une interview qu’elle n’avait pas de plan B en dehors de sa carrière musicale. Pourtant, l’écriture aurait pu être une alternative pour elle. Elle avoue écrire en permanence, tenant un journal fourni qui pourrait potentiellement devenir un roman. Cependant, elle se décrit comme étant plus à l’aise avec le format court et hésite à publier ses journaux intimes. Malgré le plaisir qu’elle ressent lors de l’écriture, Lana Del Rey avoue que cela ne lui procure pas de catharsis, mais plutôt de l’inquiétude.
L’inspiration, selon Lana Del Rey, ne peut être forcée. Elle compare ce processus à un petit oiseau qui vient se poser sur son épaule, la poussant vers la musique. Elle évoque également son rapport avec ses collaborateurs, soulignant sa propension à ne pas dormir. Lana Del Rey admet être cérébrale mais maladroite de ses mains, préférant regarder la télévision pour débrancher son cerveau.
La chanteuse, qui a sorti son album « Did You Know That There’s a Tunnel under Ocean Blvd », sera en concert à l’Olympia le 10 juillet. Ces révélations sur son processus créatif et son rapport à l’écriture et à la musique donnent un aperçu fascinant de l’univers artistique de Lana Del Rey.