Deux icônes se sont récemment rencontrées pour échanger sur divers sujets, notamment les États-Désunis, l’avenir de Kurt Cobain, du système et comment en sortir. Gus Van Sant et Kim Gordon ont partagé leurs réflexions dans une discussion passionnante. Van Sant, réalisateur d’Elephant, et Gordon, ancienne chanteuse de Sonic Youth, ont tous deux récemment terminé des promotions pour leurs projets respectifs. Ils ont discuté de leur vie à Los Angeles, de leur esthétique artistique et de leur timidité, exprimée de manière différente. La conversation s’est déroulée sur la terrasse ensoleillée de la maison de Van Sant, avec leur chien Burroughs à proximité.
Ils se sont rencontrés pour la première fois en 2000 et ont depuis collaboré sur des projets tels que le film Last Days, inspiré de la vie de Kurt Cobain. Ils ont partagé des anecdotes sur leurs collaborations passées et ont discuté de l’adaptation récente de Last Days en opéra. Van Sant a salué le travail d’adaptation et le choix de l’actrice française Agathe Rousselle pour le rôle principal, tandis que Gordon a souligné le détail du fait que Kurt Cobain était gaucher. Ils ont également évoqué les projets actuels de Michael Pitt, qui jouait dans Last Days, montrant ainsi leur intérêt pour le monde du cinéma. Le film s’appelle « Day of the Fight » et met en scène un boxeur récemment libéré de prison qui se prépare pour un combat difficile contre un adversaire plus fort que lui. Inspiré d’un court métrage du même nom de Kubrick, le film est salué pour son ambiance rappelant le style de Tennessee Williams des années 1950.
En commémorant le trentième anniversaire de la mort de Kurt Cobain, des discussions ont eu lieu sur la façon dont il aurait évolué s’il était encore en vie. Gus Van Sant et Kim Gordon envisagent que Cobain aurait peut-être arrêté la musique pour se consacrer à d’autres formes d’art, comme la peinture. Ils soulignent que Cobain était quelqu’un qui cherchait constamment à échouer et qui ne se conformait pas aux exigences de la célébrité.
Concernant la musique actuelle, Kim Gordon et Gus Van Sant discutent de l’influence de Taylor Swift et Beyoncé et expriment des opinions divergentes sur ces artistes. Ils abordent également la question de la monoculture aux États-Unis et la montée des plateformes de streaming qui uniformisent l’offre culturelle. Malgré tout, ils reconnaissent l’existence d’un écosystème artistique foisonnant, notamment dans la musique indépendante. Ils soulignent l’importance de rester ouvert aux nouvelles découvertes artistiques. Dans les années 1980, New Line Cinema a commencé à distribuer des petits films d’horreur tels que « Freddy – Les griffes de la nuit » et a connu un succès financier. En 1991, le studio a sorti « My Own Private Idaho ». Cependant, dans les années 1990, New Line a été racheté par Ted Turner, qui a ensuite été acquis par un plus grand groupe, et maintenant New Line est simplement un label au sein de Warner Bros.
Kim Gordon souligne l’importance du marketing dans l’industrie musicale et cinématographique, affirmant que les majors ont les moyens de promouvoir les artistes et les films de manière plus efficace. Gus Van Sant partage le même point de vue, expliquant que les « petits films » ont du mal à trouver leur place en raison du manque de marketing. Il note cependant qu’il y a un retour des films à budget plus modeste, en particulier dans le genre de l’horreur.
A24 est mentionné comme un exemple de studio qui produit et distribue des « petits » films que les grands studios évitent. Cependant, Gus Van Sant souligne que le système traditionnel des studios de cinéma reste en place malgré ces initiatives.
Gus Van Sant parle de ses projets futurs et de son intérêt pour les sujets qui le touchent personnellement. Il évoque son enfance dans un milieu bourgeois et son admiration pour l’élite new-yorkaise. Kim Gordon suggère qu’il devrait écrire un thriller psychologique, ce à quoi Gus Van Sant répond qu’il en a déjà écrit un, sans succès.
Enfin, Gus Van Sant parle de son expérience de réalisateur sur la série « Feud », affirmant qu’il a eu une certaine liberté artistique tout en respectant le scénario. Il admet que l’expérience a été enrichissante mais épuisante, et qu’il envisagera peut-être de réaliser à nouveau pour la télévision à l’avenir. L’ennui et les expériences traumatisantes sont mes principales sources d’inspiration ! [rires]
Gus Van Sant – Je suis d’accord. L’ennui est souvent le point de départ pour avoir des idées. Cependant, c’est devenu un luxe avec toutes les sollicitations constantes de nos jours.
Kim Gordon – J’ai l’impression que notre société actuelle fuit la friction, le conflit et la dissonance. Quand j’étais jeune, c’était ce qu’on recherchait. C’est pour ça que j’admire la démarche de Beyoncé, même si je n’apprécie pas forcément sa musique : elle remet en question la culture dominante blanche. C’est un peu perturbant.
Il est soulevé un paradoxe intéressant. Alors que la culture semble éviter la friction, la politique est devenue principalement basée sur cela. Aux États-Unis en particulier, il semble y avoir deux pays qui ne se parlent plus que par les conflits. Des artistes comme Beyoncé ou même Taylor Swift tentent de combler ce fossé politique à travers leur musique…
Kim Gordon – C’est vrai, mais elles ne pourront jamais totalement y parvenir. Le cœur de la culture country est trop conservateur pour être changé.
En ce qui concerne l’élection…
Gus Van Sant – J’essaie de rester optimiste, mais la situation est hors de contrôle, complètement folle. La division dans le pays n’a jamais été aussi grande.
Kim Gordon – Je ne suis pas très optimiste. Le parti démocrate semble être figé, et j’aimerais que Biden passe la main à quelqu’un de plus excitant comme Gretchen Whitmer. Biden a accompli des choses positives sur le plan économique, mais il doit arrêter d’envoyer des armes à Israël.
Kim Gordon a récemment participé à un festival sur les films de Los Angeles avec Rachel Kushner. Elle a parlé de six films qui l’ont marquée, dont « Model Shop » de Jacques Demy.
Gus Van Sant – Je ne crois pas avoir vu « Model Shop ».
Kim Gordon – C’est un film magnifique qui capture la ville dans toute sa banalité. L.A. est une ville fondée sur le pétrole, et le film montre cette réalité.
La jeunesse continue à inspirer Kim Gordon, notamment sa fille de 29 ans. Elle a récemment fait une interview sur TikTok avec des jeunes, ce qui lui a beaucoup plu. Gus Van Sant, de son côté, avoue avoir un peu perdu le contact avec la jeunesse, mais il garde des amis plus jeunes pour rester informé sur ce qui est cool. Regardez vos émissions préférées sur Canal+ et MyCanal !
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