Les querelles d’ego entre célébrités ont-elles encore leur place dans une société secouée par des conflits plus graves ?
En 1971, John Lennon a attaqué Paul McCartney dans une chanson intitulée « How Do You Sleep ? ». Ironiquement, cette chanson figure sur l’album « Imagine » de Lennon, où il appelle à imaginer un monde plus fraternel. Les paroles sont cinglantes, avec des attaques personnelles visant McCartney. Cette chanson préfigure le concept de clash musical popularisé par le hip-hop, avec son lot d’ego et de révélations publiques.
**Toujours d’actualité**
Révélateur de la vitalité du rap américain, Kendrick Lamar et Drake se sont récemment livrés à une guerre verbale intense. Leurs diss tracks abordent des sujets sensibles tels que l’appropriation culturelle, les scandales sexuels présumés, la trahison et bien d’autres. Ce clash entre les deux artistes promet d’être mémorable, s’inscrivant dans la longue tradition des disputes dans le hip-hop.
Cependant, l’évolution des réseaux sociaux et du streaming a radicalement changé la manière dont les diss tracks sont diffusées et reçues. Les réactions instantanées des fans et des commentateurs alimentent la polémique, parfois au détriment des femmes qui peuvent être victimes de ces attaques sans avoir la possibilité de se défendre. Ces querelles exacerbent les traumatismes des femmes et des jeunes filles, transformant leur souffrance en simple sujet de chanson.
**Repenser le diss track**
Dans un contexte de populisme et de backlash sur les réseaux sociaux, le diss track devrait peut-être évoluer pour prendre en compte ces enjeux. Plutôt que de se concentrer sur des querelles égocentriques, il pourrait être l’occasion de promouvoir des messages plus constructifs et respectueux. Les accusations graves proférées sans preuve ne font que nourrir les rumeurs et peuvent nuire à de potentielles victimes.
Il est important de repenser le rôle et l’impact des diss tracks dans un paysage musical et social en constante évolution. Les querelles d’ego entre artistes ne devraient pas occulter les véritables enjeux de société et le respect des individus.